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Histoires diverses issues de cellules grises blanchissantes...
Histoires diverses issues de cellules grises blanchissantes...
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29 octobre 2007

Elya

    Les genoux enfoncés dans la terre riche, humide et parfumée, la jeune file contemple le cerceuil qui descent doucement... Ses larmes coulent sur ses joues avant de s'écraser sur le sol, tandis que disparait à jamais le corps de son grand père.
    Le ciel est limpide, au coeur du printemps, et pourtant nul bruit ne vient couvrir celui des cordes usées, glissant lentement dans les mains calleuses des quatre fossoyeurs... Le vent, les animaux, les oiseaux eux-même, tous se joignent au deuil profond et silencieux de cette demoiselle, seule face à la souffrance, et à la perte de son unique lien avec les vivants... Sa voix résonne encore dans ses oreilles, provenant des tréfonds de son âme, tandis que les pelletées de terre noire sur le bois rythment ses paroles :
"La vie est éternelle pour qui veut bien le croire...Mais elle s'éteint aussi facilement que la pensée vacille. Soit droite, forte et fiére, et tu vivras mille ans..."
    Agenouillée devant l'objet de sa détresse, et songeant à l'absence de vie autre que les fossoyeurs et elle, le souvenir de son adieu à cet homme se rejoue dans son esprit.
    Elle a joué elle même l'oraison funèbre de son grand père, perdue dans la musique... Se pliant à sa volonté, elle s'est rendue dans la demeure familliale, et elle a déposé le corps sur les pierres millénaires, devant l'âtre froid du salon. Puis elle s'est assise à l'orgue décrépit et hors d'usage qui gisait à coté, abandonné depuis tant de temps. ses doigts se sont posés sur l'ivoire terni des touches brisées, fêlées, usées par les années... Et alors elle a joué. De tout son coeur, de toute son âme... Et parmis les chuintements épuisés de l'instrument relique, ses oreilles, son esprit et celui de son grand père ont entendu s'élever cette mélopée qui résonnait en elle depuis la tragédie.
    Tout son amour, sa passion, son désespoir, tous unis pour la genèse de cet adieu parfait... Et, transportée, elle joua, ainsi, des heures, peut-être même des jours, en total accord avec elle-même, et l'esprit de son ancêtre.

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